Je respire où tu palpites
Serge Kerval
Album Serge Kerval chante Victor Hugo - 1982
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Serge Kerval est un chanteur breton, né à Brest le 2 avril 1939 et mort à Nantes le 4 juin 1998, principalement interprète de chansons traditionnelles.
Serge Kerval est un interprète et compositeur de chanson française. Disciple de Jacques Douai, il chante à partir des années 1960 dans les cabarets Rive gauche, puis dans les Instituts français à l'étranger, ainsi que sur les campus des universités américaines (en particulier en Louisiane) au début des années 1980. Il devient ainsi un représentant à l'étranger de la chanson française traditionnelle à texte. Il interprète des chansons traditionnelles de différentes régions de France et de francophonie provenant de collections (Bretagne, Vendée, Champagne, Auvergne, Acadie, etc.), et de chanteurs qu'il affectionne (Léo Ferré, Charles Trenet, Félix Leclerc, Anne Sylvestre, Bob Dylan.
À partir de 1973, il compose également des chansons, bien souvent à partir de textes de son ami Jacques Durand-Desjeux.
À partir de 1982, il met en musique des séries de textes de poètes, parmi lesquels Victor Hugo, Pierre Seghers, Hervé Bazin, Alfred de musset, Jules Verne.
En 1986, il obtient le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros.
Il résume son parcours dans 35 ans de chansons, 35 ans de passion (1996).
Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t'en vas ?
A quoi bon vivre, étant l'ombre
De cet ange qui s'enfuit ?
A quoi bon, sous le ciel sombre,
N'être plus que de la nuit ?
Je suis la fleur des murailles
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t'en ailles
Pour qu'il ne reste plus rien.
Tu m'entoures d'Auréoles;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t'envoles
Pour que je m'envole aussi.
Si tu pars, mon front se penche ;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.
Que veux-tu que je devienne
Si je n'entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s'en va ? Je ne sais pas.
Quand mon orage succombe,
J'en reprends dans ton coeur pur ;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d'azur.
L'amour fait comprendre à l'âme
L'univers, salubre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l'infini
Sans toi, toute la nature
N'est plus qu'un cachot fermé,
Où je vais à l'aventure,
Pâle et n'étant plus aimé.
Sans toi, tout s'effeuille et tombe ;
L'ombre emplit mon noir sourcil ;
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.
Je t'implore et réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chantes dans mes rameaux !
De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie
Si tu n'es plus près de moi ?
Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l'autre mes chansons.
Que dirai-je aux champs que voile
L'inconsolable douleur ?
Que ferai-je de l'étoile ?
Que ferai-je de la fleur ?
Que dirai-je au bois morose
Qu'illuminait ta douceur ?
Que répondrai-je à la rose
Disant : " Où donc est ma soeur ?"
J'en mourrai ; fuis, si tu l'oses.
A quoi bon, jours révolus !
Regarder toutes ces choses
Qu'elle ne regarde plus ?
Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin ?
Hélas ! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin ?
Que ferai-je, seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux !
Victor Hugo - Les Contemplations -